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Plume et clavier
31 octobre 2014

Au Bord de l'horizon : incipit

28082011227

« Le bonheur c’est du temps suspendu… »

Son père avait écrit cette phrase au crayon. Une respiration face à l’oppression. Un petit saut de côté pour éviter les projections de boue. Une bulle d’espoir pour s’élever au-dessus de la saloperie. Un appel de détresse. Un cri d’amour pour résister à la torture. Pour dire que la vie se sublime malgré tout, et qu’il est toujours possible de passer par-dessus n’importe quel chagrin, n’importe quelle souffrance.

Ce père lui montrait un chemin. Hors du commun. Galini se sentait fragile pour suivre ce doigt pointé et mener sa propre route. Depuis que Benoît s’était installé dans son cœur, sa tête refusait de s’abandonner avec confiance. Son temps à elle se suspendait quelque part au-dessus du vide. S’accrocher à une phrase c’était compter sur un fil bien ténu, mais si la phrase a été écrite par un homme exceptionnel, musclé, solide, chaque mot donnait la force de sonder le vide.

Indépendamment du sens, la phrase prouvait aussi que son père connaissait le français, que sa mère le comprenait puisqu’elle avait été écrite pour elle.

Alors pourquoi, Galini, leur fille n’avait-elle jamais appris la langue qu’elle avait entendue, très peu de temps, pendant les jours qui avaient suivi sa naissance, pendant que sa mère la berçait.

 

Calliopie était morte. Sa voix s’était tue. La langue maternelle avait disparu. Galini avait oublié ces premiers sons avant qu’ils ne s’inscrivent en mots dans sa mémoire.

La langue de ses parents, c’était sa première béance, la faille, l’abîme, la fêlure, la fracture. Un jour, elle parviendrait peut-être à l’apprendre.

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