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Plume et clavier
17 octobre 2023

PAS DE DEUX

 

 

 

 

PAS DE DEUX

 

PIETON

 

 

Quiconque marche sur un trottoir sait qu'il doit rester attentif. Non qu'il y ait véritablement danger, mais une collision voire une chute est vite arrivée.

Si le code de la route donne la priorité aux piétons sur tout véhicule motorisé ou à roues, qu'en est-il de la cohabitation entre piétons sur le même trottoir ?

La seule règle existante est celle de la convivialité.

 

Généralement tout se passe bien… Mais parfois, il arrive de rencontrer des indécis, des étourdis, des préoccupés, des pressés.

 

Prenons quelques exemples :

Les plus drôles sont les indécis qui arrivent face à vous : ils s'écartent dans le même sens que vous, une fois, deux fois, puis, confus, ne bougent plus et sourient comme pour s'excuser d'avoir entraver votre chemin.

 

Suivre quelqu'un qui dialogue virtuellement sur son portable est risque de collision arrière s'il s'arrête brutalement. Mieux vaut s'écarter ou garder ses distances car son rythme n'est pas forcément le vôtre.

Arriver face à cette même personne est plus rassurant : d'abord vous l'avez vue mais, généralement, son cerveau, vrai pilote automatique, lui signale votre présence : elle lève la tête et vous évite de justesse.

 

Le préoccupé ne voit pas les autres autour de lui. Enfermé dans ses pensées, comme un hamster dans sa cage, il cherche des réponses qui ne viennent pas.

Voici deux portes qui requièrent notre attention :

La boutique, d'abord. Il est possible qu'un acheteur jaillisse comme un diable d'une boite. Les motifs de sa précipitation sont nombreux : ses achats n'étant pas terminés, par exemple, l'instinct peut le pousser à traverser sous votre nez pour atteindre un autre magasin ou bien il peut également fuir, effaré par ses dépenses excessives.

 

La porte d'un immeuble n'exclut pas non plus le choc si celui qui sort est aussi distrait que Ménalque :

On l'a vu quelquefois heurter du front contre celui d'un aveugle, s'embarrasser dans ses jambes et tomber avec lui à la renverse.

La Bruyère – Les Caractères

 

Le pressé se remarque de loin. Il avance avec audace. Il se faufile. Il maîtrise ! Son cerveau calcule l'espace à droite ou à gauche. Son trajet ressemble au slalom du skieur, les piétons n'étant que des bâtons fichés sur le trottoir.

 

En cas de choc, rares sont ceux qui s'excusent. La plupart du temps, le moindre reproche les agresse : vous êtes un obstacle, vous avez tort d'être sur leur trajet. Je passe donc je suis !

 

Le monde devrait donc s'adapter aux comportements des indécis, des étourdis, des préoccupés, des pressés !

 

Il est rare que la collision ait des conséquences sérieuses, sauf s'il s'agit de personnes fragiles ou âgées qui risquent de perdre facilement l'équilibre.

Nous ne sommes pas tous aussi prévenants que Baudelaire :

 

Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille,

L’œil inquiet, fixé sur vos pas incertains,

Tout comme si j'étais votre père, ô merveille !

Les Petites vieilles- Les Fleurs du mal

 

Faudrait-il, par prudence, l'âge venu, écouter Voltaire et rester chez soi ?

Le Temps qui me prend par la main

M'avertit que je me retire.

Voltaire à Mme du Chatelet

 

 

Les marcheurs se saluent en randonnée, les passants s'ignorent dans la rue. Si l'on s'en tient à cette conclusion, tout serait donc question de décor, de poids qui pèse sur les épaules, d'allure, de regard sur l'extérieur, sur son semblable.

 

Sur le même thème, voir : DE BON MATIN, Rencontres anonymes

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