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Plume et clavier

17 octobre 2023

PAS DE DEUX

 

 

 

 

PAS DE DEUX

 

PIETON

 

 

Quiconque marche sur un trottoir sait qu'il doit rester attentif. Non qu'il y ait véritablement danger, mais une collision voire une chute est vite arrivée.

Si le code de la route donne la priorité aux piétons sur tout véhicule motorisé ou à roues, qu'en est-il de la cohabitation entre piétons sur le même trottoir ?

La seule règle existante est celle de la convivialité.

 

Généralement tout se passe bien… Mais parfois, il arrive de rencontrer des indécis, des étourdis, des préoccupés, des pressés.

 

Prenons quelques exemples :

Les plus drôles sont les indécis qui arrivent face à vous : ils s'écartent dans le même sens que vous, une fois, deux fois, puis, confus, ne bougent plus et sourient comme pour s'excuser d'avoir entraver votre chemin.

 

Suivre quelqu'un qui dialogue virtuellement sur son portable est risque de collision arrière s'il s'arrête brutalement. Mieux vaut s'écarter ou garder ses distances car son rythme n'est pas forcément le vôtre.

Arriver face à cette même personne est plus rassurant : d'abord vous l'avez vue mais, généralement, son cerveau, vrai pilote automatique, lui signale votre présence : elle lève la tête et vous évite de justesse.

 

Le préoccupé ne voit pas les autres autour de lui. Enfermé dans ses pensées, comme un hamster dans sa cage, il cherche des réponses qui ne viennent pas.

Voici deux portes qui requièrent notre attention :

La boutique, d'abord. Il est possible qu'un acheteur jaillisse comme un diable d'une boite. Les motifs de sa précipitation sont nombreux : ses achats n'étant pas terminés, par exemple, l'instinct peut le pousser à traverser sous votre nez pour atteindre un autre magasin ou bien il peut également fuir, effaré par ses dépenses excessives.

 

La porte d'un immeuble n'exclut pas non plus le choc si celui qui sort est aussi distrait que Ménalque :

On l'a vu quelquefois heurter du front contre celui d'un aveugle, s'embarrasser dans ses jambes et tomber avec lui à la renverse.

La Bruyère – Les Caractères

 

Le pressé se remarque de loin. Il avance avec audace. Il se faufile. Il maîtrise ! Son cerveau calcule l'espace à droite ou à gauche. Son trajet ressemble au slalom du skieur, les piétons n'étant que des bâtons fichés sur le trottoir.

 

En cas de choc, rares sont ceux qui s'excusent. La plupart du temps, le moindre reproche les agresse : vous êtes un obstacle, vous avez tort d'être sur leur trajet. Je passe donc je suis !

 

Le monde devrait donc s'adapter aux comportements des indécis, des étourdis, des préoccupés, des pressés !

 

Il est rare que la collision ait des conséquences sérieuses, sauf s'il s'agit de personnes fragiles ou âgées qui risquent de perdre facilement l'équilibre.

Nous ne sommes pas tous aussi prévenants que Baudelaire :

 

Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille,

L’œil inquiet, fixé sur vos pas incertains,

Tout comme si j'étais votre père, ô merveille !

Les Petites vieilles- Les Fleurs du mal

 

Faudrait-il, par prudence, l'âge venu, écouter Voltaire et rester chez soi ?

Le Temps qui me prend par la main

M'avertit que je me retire.

Voltaire à Mme du Chatelet

 

 

Les marcheurs se saluent en randonnée, les passants s'ignorent dans la rue. Si l'on s'en tient à cette conclusion, tout serait donc question de décor, de poids qui pèse sur les épaules, d'allure, de regard sur l'extérieur, sur son semblable.

 

Sur le même thème, voir : DE BON MATIN, Rencontres anonymes

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23 septembre 2023

ARBRES

 

 

LES ARBRES

 

parc P 71

 

Les dryades ont été enterrées avec la mythologie grecque, pourtant elles rappelaient à l'homme combien l'arbre méritait notre respect.

Si les forêts pouvaient parler, elles raconteraient tout ce qu'elles ont vu et appris pendant 3,9 milliards d'années.

 

L'arbre est impuissant face à la cognée de l'homme. Écoutons les vers de Ronsard dans Contre les bûcherons de la forêt de Gâtine :

Écoute bûcheron, arrête un peu le bras !

Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas

 

Certes, le poète se réjouirait de constater que sa chère forêt de Gâtine a été épargnée, mais qui se souvient des mises en garde contenues dans cette poésie ?

Peuples vraiment ingrats, qui n'ont su reconnaître

Les biens reçus de vous, peuples vraiment grossiers

De massacrer ainsi nos pères nourriciers !

 

L'arbre est aussi impuissant contre la foudre, la main malveillante qui déclenchent des feux ravageurs : chaque année, plus de 60 000 feux de forêts se déclarent en Europe et 8 000 au Canada, nous disent froidement les statistiques.

 

Dans notre imaginaire, la forêt abrite sorcières, ogres et monstres car c'est un lieu, parfois dense et sombre donc mystérieux, où l'on s'égare, où poussent les champignons vénéneux, où vivaient les loups, les charbonniers, ces hommes sales aux cheveux cendrés.

Cette représentation négative a peut-être donné bonne conscience pour, sans vergogne, couper, raser des bois et des arbres.

 

Le progrès, cette entité abstraite à qui ont impute toutes les responsabilités du changement, n'hésite jamais à supprimer tout ce qui entrave sa route : ici, des platanes responsables d'accidents sur les routes départementales, là, un bois pour la construction d'immeubles.

 

Pourtant, il n'est pas nécessaire de maltraiter la forêt car elle est généreuse. Elle donne du bois de chauffe, de la matière première pour la fabrication de meubles, de cercueils et de papier.

Les forêts ne se contentent pas d'agrémenter le paysage, elles participent à l'écosystème. Les bûcherons, grumiers, sylviculteurs, exploitants … le savent et la respectent.

Le scientifiques n'ont compris le rôle de la photosynthèse, qu'au début du dix-neuvième siècle.

 

L'arbre ne cherche pas à prendre sa revanche sur la maltraitance de l'homme. Il s'impose parfois en perçant de ses racines le macadam ou en déformant les pelouses.

Alors prenons soin de toi, Arbre,

car tu es le cœur de notre équilibre,

Tu es la clé de notre survie,

Tu es notre ami, notre vie.

Calligrammes Guillaume Apollinaire

 

Aujourd'hui, nous replantons pour endiguer la pollution.

Aujourd'hui, nous embrassons les troncs pour revigorer nos forces vitales.

Aujourd'hui, nous faisons le singe : « Go ape », c'est ainsi que les Anglais désignent l'accrobranche.

Aujourd'hui, nous cherchons nos Racines, tout ce qui nourrit notre être physique et psychique.

 

L'arbre semble avoir contemplé l'homme du haut de son fait depuis si longtemps ! Nous enseignerait-il enfin la sagesse ?

 

Le temps jamais ne s'arrête

nous dit l'arbre

nous dit la forêt

et sur la branche du présent

 

un poème murmure un chemin

vaste et lumineux qui donne sens

à ce qu'on appelle « humanité »

 

Avant la nuit -Mes Forêts- Hélène DORION

9 septembre 2023

VENDANGES

 

 

 

VENDANGES

 

 

vendanges

 

Les rafles sont lourdes de grappes arrivées à maturité. Les baies gonflées de jus attendent le ban des vendanges, instant officiel de la récolte.

 

Fin septembre, le vigneron se sent inquiet. Pendant les mois précédents, il a travaillé dans son bureau, ses caves et sur ses parcelles de vignes, guettant les signes d'une maladie. Malgré toute sa bonne volonté, il est tributaire des intempéries, des contraintes administratives et autres directives communautaires…

 

S'il a confiance en sa terre, son savoir, ses hommes, il sait pourtant qu'il suffit d'un rien pour que le travail d'une année soit détruit.

 

La plupart des vignerons s'associent en coopérative vinicole pour partager les frais et les savoirs. Les indépendants, eux, prennent tous les risques.

 

La vigne exige un savoir, souvent transmis de génération en génération. Il en va de l'honneur d'une famille, de la réputation d'un terroir, du respect d'une étiquette.

 

Le vin accompagne un plat, se boit tranquillement entre amis, participe à un événement heureux, comble un moment de solitude. Il désinhibe, grise, saoule, dérègle les sens, inspire les chansonniers et les poètes.

La plupart du temps, les pensées du consommateur s'arrêtent au présent de la dégustation : celui ou celle qui apprécie un bon verre, ne songe jamais à la grappe de raisin et encore moins au travail du vigneron.

 

Pour Baudelaire si le vin peut être poison, il possède surtout une belle « âme », reconnaissante envers son créateur :

 

Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,

De peine, de sueur et de soleil cuisant

Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme.

Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,

Car j'éprouve une joie immense quand je tombe

Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,

Et sa chaude poitrine est une douce tombe

Où je me plais bien mieux que dans les froids caveaux.

 

L'Âme du vin

Baudelaire - Les Fleurs du mal- 1857

5 septembre 2023

SILENCE

 

 

 

SILENCE

 

labyrinthe

 

 

 

Quand l'imaginaire est confisqué, celui qui crée se tait.

 

Des mots vagabondent pourtant, mais ils échappent à tout contrôle.

Ils s'évadent dans un présent nourri de préoccupations, de futilités ou de questions essentielles qui ne reçoivent pas de réponse.

 

 

Lorsqu'il s'agit de maladie, le corps décide au quotidien : temps de repos, d'activités, de repas, de sommeil. Il s'impose et perturbe tout projet, tout rendez-vous.

 

Le temps se réduit à l'instant.

Sera-t-il possible de participer à une soirée amicale ?

Sera-t-il possible d'envisager des vacances ?

Sera-t-il possible de se projeter dans l'avenir ?

 

Reconnaître ce corps comme maître du temps permet d'accepter le chamboulement.

 

Ce qui compte c'est que la vie soit préservée et que le désir ne s'essouffle pas.

 

Le dérisoire est balayé, comme les querelles stériles, les complications, les palabres sur les sujets d'actualité. Refaire le monde quand le sien s'ébranle n'a aucun sens.

 

Dans ce silence étrange et cette impossibilité de créer, la douce musique de l'amitié et des amours offre une quiétude rassurante et constructive : la confiance s'installe.

Je sans Nous manque de force face à l'ennemi insidieux tapi dans le corps.

 

Dans cette impossibilité de créer, soudain, un seul mot rompt le silence. Il jaillit comme une évidence et crie à tue-tête :

 

MERCI, à tous ceux qui se sont préoccupés de ce corps malade et qui l'ont soigné, qui m'ont écoutée, entendue avec compétence et patience.

MERCI, à tous ceux qui ont ouvert leurs bras, ont su aussi écouter, encourager, aimer.

MERCI, à tous.

L'imaginaire a retrouvé sa voie, sa voix.

 

Il y a toujours un rêve qui veille,

désir à combler,

faim à satisfaire,

un cœur généreux,

une main tendue,

une main ouverte,

des yeux attentifs,

une vie : la vie à se partager.

Paul ELUARD

La nuit n'est jamais complète

Le Phénix -1951-

 

France Lestelle septembre 2023

15 mars 2023

CURIOSITE

SCULPTURE NATURELLE

 

 

caillou crocodile

 

Ce crocodile repose dans le sous-bois, retenant prisonnières une proie dans sa gueule et l'autre sous sa mâchoire inférieure.

 

Il est bien difficile de comprendre comment la branche et la pierre se sont retrouvées dans cette situation inextricable.

 

Imaginons :

Les deux pierres ont roulé, glissé. Leur course s'est arrêtée, sur un sol plat, recouvert de feuilles éparses, de branches mortes.

 

La branche a dû tomber, se cogner sur la pierre plate, se fendre, mais cela n'explique pas comment elle a pu emprisonner ce gros caillou entre ses crocs.

 

Il est possible aussi de penser que le sorcier de la forêt leur ait joué une farce ou bien que ces deux originales aient juste eu envie de faire remarquer, histoire de pigmenter leur ordinaire.

 

La mousse commence à envahir le dos du crocodile, apportant couleur et vie sur cette nature morte. Peu à peu, les insectes vont se nourrir du bois et le transformer en poussière.

Les deux pierres auront plus de chance : même si la mousse s'agrippe sur leur paroi, elle ne les détruira, où si elle y arrive, il lui faudra beaucoup de temps. Et surtout, les mâchoires lâcheront bien un jour…

 

Un vent peut souffler violemment. Un coup de pied, la main de l'homme ou les crocs d'une machine peuvent détruire cette sculpture et interrompre sa fossilisation. Sinon, coincé dans cette position, ce couple reste uni pour l'éternité, contraint

 

à écouter le chant des oiseaux, le brame du cerf, le grondement du tonnerre, le bruissement des feuilles...

 

à sentir la caresse du vent, la fraîcheur de la pluie, la chaleur du soleil...

à s'abandonner aux ondes lumineuses, au regard du promeneur...

 

Au printemps, la mousse verte va se confondre avec les herbes et redonner vie au sous-bois.

L'hiver suivant, pierre et branche se dénuderont pour retrouver leur couleur originelle.

 

Puisque minéral et végétal se côtoient depuis l'origine du monde, qui sait si ces deux compagnes ne sont pas en train de participer pas au chœur secret de la nature, la main gauche et la main droite unies pour rythmer et chanter l'harmonie entre force et fragilité.

 

Quelles que soient les réponses à tous ces mystères, la pierre et le bois nous interrogent silencieusement et nous invitent à nous souvenir que

tout est beauté,

tout vit,

tout se métamorphose,

tout disparaît...

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5 mars 2023

MOUSSE

 

 

 

 

 

BIÈRE QUI COULE N'AMASSE

POINT DE MOUSSE*

 

sous-bois

 

 

La couleur verte a envahi ce coin de forêt. Tout est tapissé : les arbres, les pierres, le sol. Ça et là apparaissent quelques branches mortes. C'est la fin de l'hiver. La vie va percer.

 

On dit que la mousse étouffe toute autre végétation. Or dans ce décor, elle devient couverture protectrice. Son lit semble accueillant et gomme les aspérités et la dureté de la pierre.

C'est un petit val qui mousse de rayons,

écrivait Rimbaud, dans Le Dormeur du val.

Pour Lamartine, elle serait tendre,

PourAnna de Noailles, délicate.

Chez Victor Hugo, elle accueillerait volontiers les amants dans son lit :

Une eau courait, fraîche et creuse,

Sur les mousses de velours ;

Et la nature amoureuse

Dormait dans les grands vois sourds.

Vieille chanson du jeune temps

 

Sa douceur, son aspect spongieux, sa légèreté permettent la métaphore. Quand sa couleur verte disparaît, la mousse fait des bulles.

On qualifie de mousseux : la bière, le champagne, le cidre, quelques vins, du savon, et même l'eau quand elle devient écume.

Se plonger dans un bain mousseux, c'est profiter de douceur et de légèreté.

 

En gastronomie, le foie gras, le poisson et le chocolat, montés en mousse fondent en bouche.

 

Des produits industriels ont une texture qui fait penser à de la mousse : la balle, le nylon, le carbone, les polymères...

 

Se faire mousser, c'est faire des bulles pour masquer ses vraies ou fausses compétences.

 

Celui qui fait de la mousse, en fait trop, il n'est pas pris au sérieux.

 

Le mousse et moussaillon ont une étymologie différente. Ce jeune marin n'a donc aucun point commun ni avec le végétal ni avec ses métaphores. C'est un apprenti courageux et besogneux, qui, entraîné à grimper au grand mât, ne se contenteraient pas de s'allonger sur un lit de mousse dans les sous-bois. Tenté par un tronc, il le gravirait afin d'atteindre du regard les vagues de la canopée, tutoyer le ciel et observer la mer verte et l'horizon à 360°.

 

* Victor Hugo, Les Misérables (1890), Tome I, chap VII

 

14 février 2023

FROMAGE

LE FROMAGE

 

 

Fromages

 

 

 

Si les spécialistes ne sont pas d'accord sur l'origine géographique du fromage, ils savent, en revanche, situer son apparition :

Le fromage serait né du hasard, il y a 8000 ans :

Le lait transporté dans des poches de l'estomac de ruminants se serait égoutté et donc solidifié en perdant son petit lait. La caséine tapissant le contenant aurait fait le reste.

 

L'expérimentation s'est poursuivie sur différents laits : vache, chèvre, brebis. Il a fallu conserver ce produit nouveau pour en posséder toute l'année surtout quand le lait se fait plus rare. Ainsi est né naturellement l'affinage.

 

Au fil des siècles le goût du fromage s'est diversifié car chaque village, chaque paysan a fabriqué son propre produit en choisissant le lieu de pâturage des bêtes, en jouant sur les moisissures, en variant le temps d'affinage, en ajoutant des ferments, du sel des herbes. Pour que le fromage reste le plus fidèle possible à la texture et au goût arrêtés, tout sera noté et transmis.

Le brie n'est ni le camembert, ni le munster. Le roquefort est bien éloigné de l'esquirrou. Le reblochon industriel ressemble peu au reblochon artisanal. Le cabécou et le chabichou, le chevrotin et le chavignol ont des goûts très distinctifs.

 

 

Le pain, dont la fabrication date de la préhistoire, s'est naturellement associé au fromage. L'un et l'autre devenant aliments de base, le peuple a pu manger à sa faim et trouver ainsi des apports de nutriments essentiels : protéines, calcium, vitamines, eau, potassium, zinc...

 

Même si les industriels se sont intéressés à la fabrication et à la consommation de masse du fromage, il reste toujours une grande variété d'appellations artisanales.

 

Les gourmets goûtent le fromage et lui associent le vin qui lui convient.

Demandez à un amateur éclairé de fromages, il trouvera, comme un sommelier, des subtilités précises et utilisera un vocabulaire fleuri pour nommer ce que son palais ressent. Pâte molle, dure, pressée, goût persillé, faisandé, délicat, fumé, léger, crémeux… le vocabulaire ne manque pas.

 

Composer un plateau de fromages, c'est offrir à ses hôtes un large choix de produits de différents terroirs. C'est, si l'on veut s'amuser à suivre un thème précis, ajouter de la confiture de cerise, des noisettes, du raisin ou des pruneaux…

 

Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 246 variétés de fromages ! aurait déclaré le général de Gaulle.

Qu'importe la boutade !

D'ailleurs, elle peut s'entendre comme un compliment :

Tous nos terroirs sont capabes de créativité.

Ils participent au commerce local et national du pays.

Ils contribuent donc à sa richesse et à sa notoriété.

4 février 2023

DOUCE NUIT

LA NUIT

 

 

NUIT

 

 

 

 

L'homme préhistorique se contentait de la journée pour organiser ses tâches. La nuit, il se reposait. Lorsqu'il a découvert le feu, il a pu s'aventurer hors de son territoire et allonger sa journée. Il a pu affronter le danger, outrepasser ses peurs, vaincre le noir qui symbolise le moment où la vie s'éteint, où la mort s'installe.

 

Aidée de la lune et des étoiles, la nuit dissimule, joue avec les ombres, cache le visible et enfante le mystère.

L'homme, dont l'imagination déborde, l'a personnifiée comme si elle avait quelques pouvoirs. Ainsi est née la sorcellerie.

 

Les conteurs exploitent largement toutes les connotations négatives de la nuit pour créer des ogres, des monstres, des loups-garou et faire peur aux enfants.

Les auteurs de romans et de films policiers ou « noirs », eux, font trembler les adultes : minuit l'heure du crime ! Il est facile d'y mettre en scène les horreurs, magouilles, braquages, vengeances, meurtres, de lâcher les psychopathes dans des lieux sordides.

 

Chaque soir, nous souhaitons « bonne nuit » à notre entourage, afin d'éloigner les cauchemars et les insomnies.

Ne rentre pas trop tard ! Fais bien attention à toi ! Combien de fois avons-nous entendu ces paroles bienveillantes, censées éloigner une potentielle agression ! Chacun sait bien que la nuit,le danger rôde…

 

Heureusement, en éclairant le réel, « la fée électricité » ramène à la raison les esprits tourmentés.

Tout n'est pas que lumière ou ténèbres, il existe nombre de tonalités de gris au moment où la nuit et le jour deviennent complices :

Dès potron-minet, l'aurore pousse doucement les ténèbres hors du ciel pour prendre place, et, le soir, le crépuscule chasse lentement le soleil au-delà de l'horizon. Tout se fait en douceur.

 

Les gros dormeurs, les noctambules, les amoureux attendent la nuit avec plaisir.

Tendre est la nuit, lorsqu'elle laisse des souvenirs inoubliables :

Ô nuit enchanteresse !

Divin ravissement

Ô souvenir charmant !

Folle ivresse ! Doux rêve !

chante Nadir dans Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet.

 

La nuit inspire les poètes :

Pour Victor Hugo, elle est le moment où « les choses de l'ombre vont vivre . Elle instaure un «sombre silence ».

Pour Rimbaud, elle est tantôt éternels éclairs tantôt symbole de l'enfer sur terre.

Pour Musset, les Nuit de mai, Nuit de décembre, Nuit d'août, Nuit d'octobre symbolisent les différentes étapes de son histoire d'amour avec George Sand.

 

Si la nuit a le pouvoir de libérer notre inconscient et de jouer avec nos peurs, elle favorise également la création, cache nos amours, intrigue les scientifiques, pousse à la découverte.

 

Chacun a donc le choix de voyager au bout de sa propre nuit, de la retenir, de l'éclairer ou de l'ignorer.

 

 

22 janvier 2023

La chevelure

UN HÉMISPHÈRE**

 

GREUZE

 

 

La chevelure répond à une mode ou bien suit une coutume. Au fil des siècles, elle s'est adjointe un accessoire d'importance : le chapeau.

Quelle que soit l'époque, cheveux et chapeaux ont dû s'accorder, voire devenir complices. Bibi, bicorne, bonnet, canotier, capeline, casque, casquette, cloche, feutre, galurin, gibus, haut de forme, melon, panama, stetson, sombrero, toque… tous ont discipliné les cheveux pour pouvoir tenir en place.

 

Jusqu'au milieu du XXème siècle, la bienséance exige que l'on sorte « couvert » d'un chapeau, d'un foulard, d'un fichu, d'un bandeau, d'un turban. Le chignon et les anglaises sont laqués, aucun cheveu ne doit être rebelle. Mais c'est sans compter sur le besoin d'émancipation de la femme qui ose couper. Le chapeau s'adapte, résiste grâce aux modistes qui façonnent le feutre et la paille. Leurs créations s'ornent d'oiseaux, de plumes, de fleurs, de verdure et de perles….

Une fois par an, les Catherinettes, jeunes femmes célibataires de 25 ans, portent des chapeaux extravagants pour séduire un éventuel futur mari.

 

 

La chevelure, si elle joue avec la mode, s'est toujours libérée dans l'intimité. Elle séduit :

Ces cheveux, ces liens, dont mon cœur tu enlaces,

écrit Ronsard.

 

Dans les années 1960, Brigitte Bardot lance la « choucroute ». En 1968, la jeunesse manifeste. Les hommes laissent pousser leurs cheveux. Les femmes s'autorisent toutes les fantaisies.

Plus les cheveux sont longs, plus les idées sont courtes, leur rétorquent les conservateurs.

 

La bourgeoisie porte encore le chapeau mais il se fait discret. Le métier de modiste disparaît, les boutiques de chapellerie ferment les unes après les autres. L'industrie du foulard et les ateliers de soie résistent tant bien que mal.

Seule Élisabeth II d'Angleterre, du début à la fin de son règne continue souverainement à assortir la couleur de ses chapeaux à celle de ses tailleurs.

 

Aujourd'hui, le chapeau, la casquette protègent du froid ou du soleil et chacun adopte la coiffure qui lui plaît : cheveux longs, coupés, frisés, teints, organisés, déstructurés. L'adolescent s'amuse avec les teintures vertes, rouges, bleues…

Les Américaines, qui optent majoritairement pour les cheveux longs, disent reconnaître les Françaises à leurs coupes.

 

Quelle que soit son histoire et son évolution, la chevelure reste, néanmoins, affirmation de soi.

Toutes les femmes qui prennent de l'âge ne se voient pas forcément le cheveu gris.

Les footballers dessinent des formes géométriques.

Les Jamaïcains portent et exportent des dreadlocks.

 

Fantaisiste ou non, la chevelure met le visage en lumière :

Chevelure, flammes ingénues qui léchez un cœur invalide,

écrit Aimé Césaire.

Elle ensorcelle :

Ô beaux cheveux argent mignonnement retors !

écrit Joachim du Bellay.

 

Enfin, selon Baudelaire, elle permet

d'accéder à la spiritualité,

de s'évader vers des pays lointains,

de goûter la sensualité.

Elle est tout à la fois : monde animal, végétal, rêve idéal :

Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !

Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !

Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure

Des souvenirs dormant dans cette chevelure,

Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

 

* Tableau de Greuze (1786), collection Wallace -Londres-

** Titre du poème en prose de Baudelaire,

 

4 janvier 2023

MEILLEURS VOEUX

 

 

 

 

MEILLEURS VŒUX

 

TROUEE 2

 

 

 

 

Quand le ciel s'obscurcit, il existe toujours une trouée dans les nuages qui laisse passer la lumière et son message d'espoir.

Le ciel, comme l'horizon et la vie, se renouvellent perpétuellement et offrent des surprises.

 

Tout est question de regard :

les oracles lisaient dans le ciel la volonté des dieux,

les Gaulois pensaient qu'il pouvait leur tomber sur la tête, les croyants y logent leur Dieu et les morts,

les enfants y voient des éléphants, des lapins, des monstres menaçants...

les pilotes y cherchent leur trajectoire.

Les astrophysiciens fouillent l'immensité du cosmos.

Les Français mettent un nuage de lait dans leur thé alors que les Anglais leur préfèrent une goutte.  Les métaphores des nuages et du ciel appartiennent à toutes les langues.

 

 J'aime les nuages, les nuages qui passent… là-bas… à-bas… les merveilleux nuages, Baudelaire.

Alors pour 2023, laissons passer les nuages.

 Regardons vers les trouées.

Tel un capitaine affrontant la tempête, nous allons mener notre bateau tant bien que mal,

en mettant en pratique nos connaissances de navigation,

en comptant sur la solidité du bâtiment,

en acceptant la compétence et la solidarité de l'équipage.

 

Que 2023 soit l'année des entreprises et des réussites,

des petites et grandes joies,

de l'amour,

du plaisir de se retrouver,

de la sérénité et de l'épanouissement personnels.

 

France Lestelle, janvier 2023

 

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