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Plume et clavier
30 avril 2018

LE CRAYON

 

 

 

ENTRE LE POUCE ET L'INDEX

 

 

crayons

Le crayon, objet du quotidien, se fait discret. Il s'oublie, se prête, se donne, sa valeur marchande est dérisoire.

Pourtant il a traversé les siècles. Son ancêtre romain avait une mine en plomb ou en étain et sa gaine n'était

pas encore inventée. Les auteurs en parlent depuis Montaigne. A partir du XVIII, les peintres, que ce soient

Watteau, Boudin, l'ont mis à l'honneur et ceux qui ont suivi n'ont cessé de l'utiliser. Aujourd'hui, des créateurs

réalisent des tableaux avec leurs tailles. Et les publicitaires se sont emparés de leur corps comme support pour

leur message.

 

Or la plupart des gens ne font pas attention à cet objet insignifiant. Personne ne songe que sa fabrication

réclame du temps et du savoir faire. Sait-on que cette mine est faite d'un dosage minutieux de graphite, kaolin

et poudre d'argile ? Qui peut dire la signification des lettres chiffrées inscrites sur son corps ? Qui connaît la

composition de la gaine ? Genévrier, cèdre ou papier recyclé ? Qui le regarde vraiment ? Tiens celui-ci a un

cône de douceur, cet autre a des arêtes, ou bien celui-là est vernis, peint ! Le préfère-t-on avec ou sans toque

de gomme ?

 

Le crayon n'a pas réellement changé au fil du temps, c'est à peine si, lorsque le plastique est apparu, il a été

affecté par son rival le stylo-mine. Quand la mine de couleur s'est imposée, le crayon a dû préciser qu'il était

noir, crayon de papier, ou encore crayon à mine de plomb même sans plomb.

 

Et il a toujours besoin de ses deux associés : la gomme et le taille-crayon.

 

Les seuls qui réalisent vraiment à quel point cet objet est précieux, voire indispensables, ce sont les écrivains,

les peintres, les dessinateurs, mais aussi les architectes, les charpentiers, les tailleurs, les maquilleurs, les

tailleurs de pierre, bref tous les créateurs.

 

Certes les scientifiques ont reproduit sa forme : stylo, bille, laser, optique, pointeur… Là, le crayon se fait

technique !

Les Lyonnais désigne la tour de 23 m de la Part-Dieu « Le Crayon », car elle est surmontée d'une pyramide de

verre.

 

Ma préférence va au crayon de base, le plus simple qui existe. Je l'utilise pour ébaucher un texte, annoter un

ouvrage.

Il m'arrive de gribouiller au crayon une recette, un numéro de téléphone sur le plan de travail de la cuisine…

Dans des pots, des tiroirs, des trousses, ils sont partout chez moi. Ils proviennent des musées du monde

entier, d'une exposition ou d'un lieu touristique.

Même si Jean d'Ormesson m'a en partie devancée, j'aimerais qu'il repose avec une gomme sur mon cercueil,

car, à mes yeux, il n'a jamais été seulement qu'un banal objet du quotidien ou un outil de travail, il représente

bien des symboles :

Sa vie est éphémère, même s'il a traversé les siècles.

Sa trace s'efface comme nos vies.

Sa mine s'amenuise comme nos forces, se fragilise comme nos corps.

Sa gaine se taille, le rapetisse et annonce sa fin prochaine.

Son insignifiance au milieu des objets du quotidien est indéniable, comme la nôtre dans l'immensité de

l'univers.

 

 

Et surtout, le crayon témoigne de l'inventivité des hommes

Il représente leur habileté à se servir du pouce et de l'index.

 

 

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