Lumières
LUMIÈRES
La fête vient de se terminer. Comme tous les 8 décembre, depuis 1852, les Lyonnais mettent leurs bougies
sur les fenêtres. Les croyants déambulent en procession sur la colline de Fourvière pour remercier la
Vierge qui, en 1643, aurait épargné la ville d'une épidémie de peste.
Le lux et le lumen latins évoquaient le rayonnement divin, la source de vérité mais au fil du temps, la
lumière est devenue païenne.
Au vingtième siècle, le religieux s'est estompé au profit de l'art et du commerce. Si les lumignons résistent
encore, les guirlandes et spectacles lumineux leur mènent une forte concurrence.
L'électricité s'est imposée car une technique amène inexorablement une évolution ou une révolution.
Le 8 décembre, c'est toujours le rêve et l'évasion. La poésie court dans la ville. L'Histoire ou des histoires
se racontent sur les monuments et paysages.
Au XVIIIème siècle, la lumière a traversé la pensée de Condorcet, Voltaire, Montesquieu, D'Alembert ou
Rousseau… Selon Descartes, ces philosophes s'éclairaient « à la seule lumière naturelle ». Pourtant leurs
écrits lucides influencent encore notre monde moderne.
Est-ce que la lumière s'oppose aux ténèbres, comme le diamant au charbon ? Est-ce que l'une et les
autres sont des allotropes ?
Du crépuscule à la pénombre, la lumière brille ou décline, joue avec les particules d'eau, forme des arcs-
en-ciel ou bien traverse le cosmos à une vitesse calculée en années.
Lorsqu'elle se colore, c'est une illusion : notre cerveau voit la réfraction d'ondes lumineuses
électromagnétiques et réinvente le monde, comme Rimbaud pour qui le A est noir, le E blanc, le I rouge, le
O bleu, et le U vert. Lorsque les Illuminations se sont éteintes, le poète a été cherché le bout du tunnel loin
de ses racines...
En cette fin d'année, je souhaite que chacun trouve sa lumière : naturelle, artificielle, froide ou éclatante,
phare ou led, quelle soit bougie ou photophore, qu'elle provienne des étoiles, de la lune ou du soleil !
Je souhaite qu'elle nous montre la réalité sans anéantir notre optimisme.
Pour toucher la lumière
Tu dois t'appuyer sur ton ombre
ADONIS