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Plume et clavier
24 décembre 2014

FACE A L'IMMENSITE

TO_night_2630

 

 

Où se trouve le bout du monde ? Loin, très loin, tellement loin qu’il s’est égaré en route.

Cette expression populaire montre bien que nous sommes démunis pour évaluer une distance dès que nous dépassons nos références habituelles. Il est possible de se représenter dix mètres, deux kilomètres, mais au-delà ? Nous préférons utiliser le temps pour parler d’un long parcours. Et en avion, par exemple, nous n’hésitons pas à ajouter au temps de vol, celui de l’attente dans les aéroports.

Que dire alors des années-lumière, du périmètre de la terre, de la distance entre notre planète et la lune ? Leurs représentations restent de grands mystères. Pourtant, quand nous étions enfants, les parents ou enseignants nous ont montré un globe terrestre ou une maquette du système solaire. Certains noms nous sont devenus familiers et nous étions fiers de les placer au bon endroit. Mais ce monde miniaturisé a faussé notre représentation des distances.

Au fil des années, notre espace s’est élargi. Sommes-nous à même de concevoir l’univers. Notre esprit cartésien se cogne, là encore, à ses limites. Il ne nous reste plus qu’à jeter les modèles réduits de notre enfance dans le grenier où ils vont rejoindre d’autres mensonges.

Ces idées me viennent aujourd’hui, parce que justement, je me trouve à l’autre bout du monde. A 6400 km environ de chez moi. Peu importe la précision, c’est si loin ! J’essaie de concevoir les villes, la campagne, l’océan que j’ai survolés. Impossible ! Le plan de vol miniaturisé m’a juste permis de me repérer. J’ai admiré le sud du Groenland, si inhospitalier mais magnifique avec ses sommets enneigés rosis par la lumière du soleil, les icebergs, petites taches blanches perdues dans les glaces. Le vent violent au nord du Québec avait balayé les surfaces minérales tout aussi inhospitalières. Je regardais sur l’écran la distance qu’il restait à parcourir. Les moteurs de l’avion ronronnaient tranquillement.

En marchant dans les rues de Toronto, le manque de repère m’a encore troublée : la ville couvre plus de 630 km2, une avenue Yonge Street qui partage la ville entre l’est et l’ouest part du lac Ontario et se perd 1896 km plus loin. Je ne les ferai pas à pied. Rien ici ne correspond à nos villes européennes. J’essaie de me m’imaginer, dans cette immensité. Ai-je la taille d’un cil, d’une poussière ? C’est encore trop, je ne suis qu’un point imperceptible comme les six millions d’habitants de cette conurbation. Cette considération pascalienne loin de m’effrayer, m’amuse. D’ailleurs ici, on aime la démesure. 1700 bâtiments atteignent plus de 90 m de hauteur, et les maisons individuelles n’ont jamais été aussi nombreuses.

Qui dit mieux ? La CN Tower propose une aventure à plus de 340 m : Eagle’s flight. Une plate-forme étroite, située à l’extérieur de la tour permet de contempler la ville et le vide…  Le baudrier et le filin sont obligatoires, tiens donc ! La publicité sur le site montre des gens souriants. Ils sont peut-être heureux de faire un pied de nez à l’immensité de l’univers.

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