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Plume et clavier
24 novembre 2021

NI EXPLOIT NI INCONSCIENCE

NI EXPLOIT NI INCONSCIENCE

 

 

 

Piscine nuit hiver

 

 

 

Le complexe nautique accueille les usagers de midi à 19h. Seul le bassin olympique est ouvert. Il était accessible par un couloir de nage mais les mesures sanitaires l'ont fermé jusqu'à nouvel ordre.

 

Le tableau indique la température de l'air : 10°, celle de l'eau : 27°.

 

Le bâtiment est encadré d'un côté par le Rhône, le chemin aménagé pour les promeneurs, la piste cyclable, et, quelques mètres plus haut, par le large trottoir qui longe les quais, les immeubles... la ville et son trafic.

 

Il est possible de voir en contre-bas les nageurs à travers les barreaux qui protègent le centre nautique.

Il arrive qu'un passant, perplexe, lève le pouce pour féliciter l'original qui a osé s'aventurer dans l'eau. L'étonnement se comprend, le jugement se devine : est-ce un brin de folie, d'inconscience ou de courage qui pousse ces sportifs à pratiquer la natation dehors, en plein hiver ?

 

Certes, quitter les vestiaires en maillot de bain,

parcourir une dizaine de mètres, poser sa serviette sur le sol, entrer dans l'eau, en ressortir et faire le trajet inverse demandent un effort.

 

Mais cet effort est plus mental que physique : l'exposition au froid ne dure pas une minute.

 

L'arrivée dans l'eau est une récompense. Le corps n'a pas eu le temps de se crisper, il s'allonge naturellement.

 

Que le mouvement soit lent ou rapide, qu'importe, il fait bon, pendant toute la durée de l'exercice. La température du corps reste constante. Les longueurs peuvent s'additionner sans craindre le coup de froid. La tête, coiffée d'un bonnet, ne sent pas l'air glacé, même si l'eau a mouillé une partie des cheveux.

 

Bientôt, le plaisir s'installe :

celui d'avoir vaincu sa paresse et son appréhension,

celui de se retrouver dans un lieu unique et bien conçu,

celui de mettre son corps en mouvement,

celui d'arrêter la machine mentale qui liste les tâches à accomplir, boucle sur un problème ou s'enferme dans un souci, un chagrin, un malheur.

L'eau a le pouvoir de dissoudre les pensées désagréables. La tête est en congés, seul le corps existe.

 

Par contraste thermique, une vapeur d'eau s'échappe du bassin. Le nageur est dessous ce nuage qui non seulement le protège mais ne présente aucun danger. Le seul obstacle c'est la jambe ou le bras d'un voisin, quant à se perdre, c'est impossible, la route est balisée et toute droite.

 

Il nage, entouré d'éléments qui dans la littérature font peur. Les contes, les romans policiers ne montrent-ils pas la nuit comme dangereuse ? Le brouillard ne cache-t-il pas quelque monstre ? L'hiver ne comporte-t-il pas des risques de maladie, d'isolement, de perte de repères ?

 

Il nage, oubliant les préjugés : ce sport ne se pratique-t-il pas en été, pendant les vacances, pour se rafraîchir ?

 

Il nage sans prendre conscience qu'il balaie toutes ces croyances.

Il goûte sa liberté et son plaisir.

Dans quelque temps, revigoré et détendu, il replongera facilement dans sa vie.

 

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