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Plume et clavier
1 août 2018

PASSAGES

PASSAGES

 

 

Passerelle2

 

 

 

 A un Ami,

 

 

La Passerelle du Collège*, à Lyon, tremble sous nos pas, légèrement, mais

suffisamment pour que nous prenions conscience que le Rhône coule quelques mètres

plus bas. Les jours de grand vent, elle bouge, nous secoue et nous rappelle que nous

ne sommes pas toujours maîtres de notre chemin.

 

 

D'une rive à l'autre, d'une vallée à l'autre, le passage se fait aisément grâce aux

architectes, aux ingénieurs et aux ouvriers qui nous ont construit des ponts, des viaducs.

 

Du haut de ces ouvrages, il nous arrive parfois d'admirer le paysage.

Il nous arrive aussi de chercher le nom de ces maîtres d’œuvre parce que leur

réalisation nous semble exceptionnelle. Citons par exemple : Jean Fayeton pour le pont

d'Aquitaine, Michel Virlogeux pour le pont de Normandie et le viaduc de Millau,

Messieurs Esquilan, Huet et Robinson pour le pont de Tancarville.

 

 

Il est normal que la plupart de ces personnes nous soient inconnues, vous diront

certains. Nous déléguons et nous payons nos impôts. N'encombrons pas nos

mémoires...

 

N'est-ce pas plutôt l'habitude qui nous pousse à l'oubli : les grandes étapes de notre vie

se font toutes subrepticement. Nous passons de l'enfance à l'adolescence, puis de

l'adolescence à l'âge adulte et de l'âge mûr à la vieillesse sans le réaliser vraiment. De

temps en temps, en nous retournant, nous voyons que nous avons franchi un cap. Mais

nous avons oublié la plupart des personnes d'expérience, des maîtres d’œuvre, des

ingénieurs, des ouvriers qui nous ont guidés, « éduqués », ex ducere, c'est-à-dire

conduits sur l'autre rive.

 

Quelques-uns des plus brillants, des plus à l'écoute, des plus modestes, des plus

méritants ou des plus directifs nous reviennent parfois en mémoire. Nous en

chérissons certains, nous en haïssons d'autres. Et puis il y a ceux que nous remercions

profondément.

 

Camus, après avoir reçu le Prix Nobel de Littérature, a écrit une lettre de remerciement à

Monsieur Louis Germain, son instituteur :

 

Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre

que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait

arrivé […]

vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants

chez un de vos petits écoliers, qui malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant

élève.

 

 

 

 

 

*Ingénieurs : Cailloux, Santil, Garella

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