Pélican du Parc de la Tête d'Or
EN SONGEANT A MUSSET
à un ami,
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
Le Pélican de la Tête d'or, cet ancien pêcheur, ne lève plus la tête vers les cieux.
La lassitude s'est abattue sur ses plumes et l'a figé, là, sur un rocher, parmi les roseaux.
Que berce-t-il ?
Songe-t-il aux mers vides, aux plages désertes, aux océans immenses ?
D'où vient cet oiseau mélancolique ?, se demande le passant qui s'extasie et admire sa
blancheur, sa taille.
Ces marques d'attention l'indiffèrent. Son œil voit mais ne regarde rien.
A quoi bon !
Il n'a rien à dire à ceux qui l'immortalisent dans leur téléphone ?
Même s'il le voulait, il ne sait pas comment leur transmettre le goût de l'aventure et des
voyages, l'art du plongeon, le plaisir de fendre le vent, le désir de voler plus haut ou
plus loin.
Son enthousiasme a disparu.
L'énergie lui manque pour aller vers d'autres possibles ?
Il se sent vieux, si vieux !
Son corps se pelotonne dans la passivité.
Allons, allons ! Cessons de nous apitoyer, cet oiseau est bien nourri, bien soigné… Il vit
dans un lieu adéquat et sa tête est pleine de souvenirs : n'a-t-il pas atteint
les terres lointaines ! N'a-t-il pas nourri ses petits! Ne leur a-t-il pas insufflé la vie ?
N'a-t-il pas distribué des plumes aux créateurs !
Laissons-le vivre sa retraite paisible.
Cher Musset,
La poésie chante
la lumière,
la pureté,
la douceur
la beauté.
La vie exige,
Le temps apaise.
Le souffle porte le rêve.
Le Pélican a appris tout cela.