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Plume et clavier
15 juin 2018

GRAINS DE SABLE

SABLE

Sur la plage, le petit enfant devient bâtisseur de l'éphémère. Muni de son seau et de sa pelle, il mouille le

sable, le moule pour confectionner des pâtés. Il retourne à l'eau, démoule, constate que le cône est bancal, et

il recommence... inlassablement.

Le soir, dans son lit, le marchand de sable vient lui ouvrir la porte des rêves.

 

Lorsqu'il devient plus grand, le même enfant se révèle bâtisseur de châteaux-forts. Il structure, consolide,

monte des tours, bâtit des ponts-levis, creuse des fossés que la mer emplit.

Coquillages, algues, brindilles, tout est bon pour décorer son chef-d’œuvre.

La vague, la prochaine marée, l'érosion vont détruire sa construction fragile. Mais c'est la règle du jeu. Il s'y

attend. Il accepte la déception.

 

Adulte, il a donc appris que bâtir sur du sable, dans n'importe quel domaine, c'est miser sur l'éphémère.

 

Nos ancêtres préhistoriques ne jouaient pas sur les plages, mais ils observaient la nature, récupéraient tout ce

qui pouvait leur servir. C'est ainsi qu'ils ont découvert l'obsidienne près des volcans : ce mélange de sable, de

lave, qui, une fois chauffé, durcit. Taillée, elle devient coupante. Les chasseurs s'en sont servi pour équiper la

pointe de leurs flèches.

 

Plus tard, d'autres hommes ont observé d'autres transformations de la matière sans rien n'y comprendre

d'abord. Puis, à force d'essais, de ratages, le verre est né.

 

Combien de temps a-t-il fallu aux hommes pour trouver le bon amalgame ?

Qui a poussé le feu jusqu'à 1600° ?

Combien de fois ces hommes ont-ils recommencé les mêmes gestes : cuire, fondre, mouler, teinter, tailler ou

souffler ?

Qui sont ceux qui ont su jouer de son épaisseur, de sa transparence, de son opacité, de sa solidité ou de sa

fragilité ?

Qui a eu l'idée de délaisser le sable pour utiliser des substances organiques ?

Qui, bien avant l'écologie institutionnalisée, a pensé récupérer le verre cassé, le calcin, pour le recycler ?

 

Aujourd'hui, le verre désigne des objets transparents qui ne contiennent pas le moindre grain de sable, c'est le

cas des lunettes, par exemple. L'industrie, pour autant, n'a pas délaissé le sable, elle l'exploite et l'utilise pour

ses qualités de filtre, d'abrasif...

Car l'homme ne cesse d'être inventif, habile, réfléchi, persévérant.

Dans le langage, le sable devient métaphorique :

Un seul de ses grains grippe un mécanisme.

Mais toute une poignée glisse entre nos doigts comme le temps qui passe.

Enfermé dans le sablier, il compte à rebours le moment de notre fin...

Ou bien minute l’œuf dur, le mollet.

 

Qu'importe !

 

La mer efface sur le sable

Les pas

Des amants désunis.


 

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