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Plume et clavier
15 avril 2018

AIMEZ-VOUS BRAHMS ?

 

20160124_154518

 

 

 

Fin de matinée. Arrêt du bus Cordelier, elle attend le bus, assise sur le banc. A ses pieds, elle a posé un

emballage transparent contenant une grosse boite en plastique qu'elle vient d'acheter et un sac noir. Elle

cherche un ticket de bus dans son sac à main mis en bandoulière.

 

Arrive un homme qui écarte les bras et se donne en spectacle en demandant haut et fort :

Vous connaissez Françoise Sagan ?

- C'est une grande dame.

Elle a écrit de bons romans.

Vous avez lu Aimez-vous Brahms ?

Il capte l'attention de son public, reprend son monologue et semble s'amuser.

 

Le bus arrive. Les voyageurs se mettent en ligne, montent, oublient cet homme.

 

Embarrassée par son achat, elle se fraye un chemin dans le couloir du bus et s'assoit. Douze minutes plus

tard, elle est devant sa porte, franchit le seuil et s'aperçoit qu'il lui manque son sac noir.

En quelques secondes, elle se retrouve de l'autre côté de l'avenue, à l'arrêt du bus. Persuadée d'avoir oublié

son sac dans le bus précédent, elle explique sa mésaventure au chauffeur. L'homme l'engage à appeler les

TCL. Ce qu'elle fait immédiatement. On lui répond que la question va être posée par radio aux chauffeurs qui

travaillent sur la ligne mais qu'il lui faudra attendre le milieu de l'après-midi pour obtenir une réponse. Elle

donne ses coordonnées et raccroche.

 

A l'arrêt Cordeliers, le sac noir n'y est pas. Un autre bus arrive, elle le prend, rentre chez elle.

 

Au moment où elle met la clé dans la serrure, le téléphone sonne. C'est le commissariat de l'Hôtel de Ville. Au

bout du fil, le policier vérifie l'identité de sa correspondante et lui demande si elle n'a rien perdu.

Il lui faut détailler le contenu de son sac noir : un ordinateur portable, un carnet, une trousse avec des stylos,

une étiquette avec son nom et son adresse, deux tubes de dentifrice.

 

Sur-le-champ,

traverser,

monter dans le bus,

descendre au bon arrêt,

entrer dans le commissariat.

Le policier lui explique qu'une inconnue a trouvé le sac sur le parvis de l'église Bonaventure. Elle l'a

immédiatement rapporté au commissariat. Elle a refusé de dévoiler son identité.

Comment remercier cette personne ? Le policier est navré, il ne sait rien. Puis il présente ses excuses, il n'a

pas vu l'étiquette glissée dans la poche interne du sac alors il a exploré quelques fichiers pour trouver une

adresse.

 

Il rend le sac à sa propriétaire et lui demande d'en vérifier le contenu :

 

Il manque un tube de dentifrice.

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