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Plume et clavier
26 mars 2018

MONSTRES DISSIPES

20180302_130511

Ligne 40, direction Valdo. Le bus ronronne, les voyageurs sont tous assis, en ce

début d'après-midi, il reste de la place.

 

 

Au bout de quelques minutes, une femme se lève, se poste devant la passagère

assise juste devant elle et lui demande de se lever. Elle voudrait récupérer le

paquet de biscuits qui a glissé sous le siège.

 

La voyageuse regarde à ses pieds, se lève et s'écarte. L'autre personne se

penche, ramasse son bien et retourne s'asseoir à côté de son enfant, une petite-

fille de trois ans environ qui porte une couronne.

 

 

L'autre passagère voudrait bien reprendre sa place, mais sur le sol sont éparpillés

des dizaines de biscuits jaunes en forme de monstres. Si elle s'assoit, ses pieds

vont les écraser. Alors elle interpelle la mère :

 

Vous n 'avez pas ramassé les biscuits. Je ne peux plus m'asseoir.

 

Il y a de la place ailleurs, répond la femme qui tient le paquet contre elle.

 

Le problème n'est pas là. C'est sale.

 

L'autre hausse les épaules.

 

La passagère insiste :

 

Vous pourriez ramasser ! Vous ne pouvez pas laisser ça.

 

Ce n'est pas moi, c'est ma fille qui a fait tomber le paquet.

 

Et alors ? Vous êtes sa mère, vous pourriez réparer les bêtises de votre enfant.

 

Pour toute réponse, la mère prend son téléphone portable et le colle sur l'oreille.

Elle n'a pas composé de numéro mais ses lèvres bougent, elle murmure quelque

chose à un correspondant.

 

 

 

Un témoin s'adresse à celle qui refuse de reprendre sa place :

 

Vous croyez que c'est sale chez elle ?

 

Dans le rétroviseur le chauffeur a observé la scène mais comme personne n'a levé

le ton, il se concentre sur sa conduite.

 

 

 

A l'arrêt suivant, arrivent un groupe de lycéens qui parle fort. Deux d'entre eux

s'installent sur le siège inoccupé. Des craquements leur font baisser la tête. Leurs

pieds écrasent les monstres jaunes.

 

Leur conversation se poursuit.

 

 

Main dans la main, la mère et son enfant se lèvent et attendent devant la porte

pour descendre au prochain arrêt.

 

Le téléphone est toujours collé à l'oreille.

La petite-fille tient fermement son paquet de biscuits contre elle.

 

 

 

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