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Plume et clavier
18 décembre 2016

NOËL 2016

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MÉTAMORPHOSES

 

Planté au bord de la pelouse, l'arbuste, de temps en temps lève une branche et fait signe

aux passants.

 

 

Un homme l'aperçoit. On dirait un robot, se dit-il. On jugerait qu'il vient de virer et de glisser

sur l'herbe. A coup sûr, il est programmé pour garder les oies qui se sont rassemblées de

l'autre côté de l'allée, vers la roseraie. Il vient juste de les rappeler à l'ordre. Si on

n'intervient pas de temps en temps, elles se disputent, cancanent, se coursent, prêtes à

mordre tout ce qui passe à proximité. Un peu de discipline ne fait pas de mal ! Le robot aime

la compagnie des animaux du parc à condition qu'ils respectent un peu de silence.

 

 

Un autre promeneur, les lunettes sur le nez, un livre à la main, s'arrête devant l'arbuste. Il

remarque ce doigt levé, entend le souffle du vent qui murmure dans les branches

d'éternelles légendes que lui ont soufflées les nymphes et les faunes : Dryope se lamente

doucement, et regrette le temps où, encore fille de roi, elle courait librement la campagne.

Si elle avait été moins insouciante, elle aurait respecté les lois de la nature Jamais, jamais,

elle n'aurait cueilli cette fleur de loto. La sentence des dieux lui paraît bien cruelle : être

métamorphosée en arbre et rester coincée dans une écorce pour l'éternité, avec juste deux

petits trous au niveau de ses yeux pour laisser passer ses larmes…

 

L'arbuste préfère que le vent lui raconte une autre histoire, celle du chêne et du tilleul aux

feuillages enlacés. Ce sont Philémon et Baucis. Le dieu les a récompensés de leur

générosité. Le couple pourra s'aimer par-delà la mort, jusqu'à la nuit des temps.

 

 

Un autre passant détourne le regard, irrité par cet arbuste. S'il existait un cahier de

doléances mis à disposition des promeneurs, il noterait que l'arbuste a besoin d'une taille

sévère. L'homme ignore que le jardinier est passé tôt ce matin pour faire son inspection. Il

s'est posté un instant devant l'arbuste et lui a cajolé la tête comme on caresse celle de son

chien.

 

 

Un enfant a retenu son ballon, il ne veut pas bousculer ce drôle de personnage, décoiffé,

qui semble de bonne humeur. S'il pouvait l'emporter avec lui, il l'installerait dans son salon,

le décorerait de guirlandes et de boules. L'enfant est persuadé que le père Noël aimerait ce

sapin rigolo.

Noël 2016

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