Entrebâillons discrètement la porte..
Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée
– Alfred de Musset -
La porte désignait uniquement un lieu de passage qui permettait d'entrer dans une ville, un château.
Mais comme une langue vit, se transforme grâce à ses ajouts et glissements de sens… au XIème siècle, le mot porte est venu remplacer l'huis d'une maison.
La justice utilise encore huis dans l'expression à huis clos, pour qualifier un procès où le public n'est pas admis.
Quoi qu'il en soi, dans une maison, une porte marque la limite entre l'extérieur et l'intérieur. Il faut en posséder la clé, sonner ou frapper pour qu'elle s'ouvre.
La maîtresse de maison ou le maître ne se tiennent-ils pas dans son encadrement pour accueillir leurs invités.
Mieux vaut passer par la grande porte! La petite suggère que vous n'êtes pas forcément le bienvenu, que vous n'êtes qu'un domestique ou que l'on attend de vous une certaine discrétion.
La porte cochère témoigne d'un temps où les déplacements se faisaient en calèche.
Le portail se met sur une clôture et le portillon vers un jardin. Tous deux éloignés de la porte d'entrée ou de la porte de service.
La portière ferme la voiture.
Le cœur ouvre sa porte en toute confiance.
Le pied la cogne de colère.
L'indiscret y colle son oreille.
L'exclus et le mécontent la prennent bien souvent à regret.
L'inopportun la reçoit sur le nez
Celui qui est aimable comme une porte de prison est à fuir.
La porte du ciel marque la limite entre le monde réel et le monde spirituel…
Francis Ponge, qui aimait tant les objets, nous rappelle que Les rois ne touchent pas aux portes
Ils ne connaissent pas ce bonheur : pousser devant soi avec douceur ou avec rudesse l'un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place, -tenir dans ses bras une porte…
Le Parti pris des choses, 1942