EN TERRASSE
EN TERRASSE
Il faut attendre pour obtenir une place. Il pleut. Les consommateurs s'installent sous le toit bâché.
Le café restaurant a ouvert sa terrasse de bonne heure. On sert toute la journée : repas, collations, boissons.
Les consommateurs sont mélangés : ceux qui savourent une orange pressée côtoient ceux qui se restaurent d'un filet de poisson, ou d'une crêpe, ceux qui fument devant leur café, ceux qui respirent passivement les microparticules de tabac.
Personne ne parle de pollution.
Personne ne semble importuné.
Personne ne rouspète.
Le personnel s'affaire. Il faut reprendre le rythme, rester disponible et garder son sourire en toute circonstance.
En ville, la terrasse de café est le seul endroit où les masques tombent. Ils sont relégués dans les poches, les sacs ou sous les mentons, formant alors des barbes noires ou blanches aussi bien aux hommes qu'aux jeunes femmes blondes.
La couleur égaye les verres : le vin brille comme de l'or. Les jus de fruit annonce l'été qui arrive.
Les bruits, pollution d'antan, chantent la vie qui reprend.
Les conversations vont bon train. On discute projets, relations, vacances, futilités, balayant les soucis et la lourdeur des mois précédents.
La bête microscopique est méprisée. Il n'est pas question que cette personna non grata joue encore les vedettes ou qu'elle soit d'un intérêt quelconque.
Qu'elle fiche le camp ! Qu'elle meure !
Chacun se sent fort, heureux.
La vie reprend, calme, savoureuse, au milieu d'inconnus, présence précieuse,
chaleureuse,
humaine,
simplement humaine.
Lyon, 21 mai 2021