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Plume et clavier
18 octobre 2019

Eloge du râteau

FEUILLES MORTES

 

 

divers2 052

 

 

 

 

Tout le monde se souvient de ce bruit particulier dans les petits cailloux du chemin qui laissait imaginer le geste du jardinier d'avant en arrière, le corps légèrement penché, les mains posées sur son râteau.

De temps en temps, le raclement s'arrêtait. Peut-être, le jardinier était-il en train de retirer des feuilles piquées sur les dents du râteau, peut-être les ramassait-il pour les mettre dans la brouette.

Puis le rythme reprenait.

 

Aujourd'hui, l'engin de l'employé municipal émet des décibels. Avec son expirateur, l'homme fait d'abord une ligne de feuilles, puis, avec son aspirateur, il les avale. Ensuite, il vide le contenu de sa machine dans des sacs qui seront collectés par une camionnette.

La pollution sonore s'ajoute aux rejets de monoxyde de carbone et d'oxyde d'azote.

 

Si, pour préserver la planète, il est recommandé au particulier de réduire le temps passé sous la douche ou de fermer le robinet lorsqu'il se brosse les dents, il apparaît peut-être nécessaire de revisiter également ces petits travaux.

Certes, il faut bien entretenir les espaces verts. Il ne viendrait à l'idée de personne de couper l'herbe des pelouses aux ciseaux.

 

L'industrie du râteau reste limitée. Il suffit de fabriquer des manches en bois et une rangée de dents, alors que l'expirateur et l'aspirateur à feuilles, sont des engins complexes, nés de cerveaux d'ingénieurs à une époque où personne ne parlait de pollutions.

Un souffleur-aspirateur représente toute une économie et des structures : formations, fabrication, entreprises de composants... donc des centaines d'emplois.

 

Dans les bois, les feuilles mortes ne gênent pas, bien au contraire, elles craquent sous le pas. Elles permettent aux insectes de se nourrir, à la terre de s'enrichir, aux champignons de pointer leur chapeau. En ville, elles représentent un risque pour le piéton. S'il glisse et tombe, la municipalité sera responsable. Il faut donc les enlever.

 

Dilemme ! Sauf si l'on crée des emplois spécifiques : imaginons un employé qui dirait : je suis ramasseur de feuilles en automne, déneigeur en hiver, planteur au printemps, arroseur en été.

 

L'humour ne nous consolant pas des contradictions de notre époque, écoutons plutôt le chant de la poésie :

 

Le vent et la forêt qui pleurent en automne feuille à feuille

 

Les feuilles

 

Qu'on foule

 

Un train

 

Qui roule

 

La vie

 

S'écoule.

 

Automne malade

Guillaume Apollinaire

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