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Plume et clavier
24 septembre 2019

en avion

 

 

ÉVASION EN PLEIN CIEL

 

 

 

avion

 

 

 

Depuis que l'homme s'est dressé sur ses deux pieds, il n'a eu de cesse d'aller voir au-delà de son horizon, toujours plus loin, toujours plus vite.

 

Montaigne chevauchai jusqu'en l'Italie, Madame de Sévigné partait en diligence au péril de sa vie, écrit-elle. Voltaire, Diderot, Rousseau traversaient l'Europe à cheval.

Puis l'automobile et le train sont advenus et enfin l'avion. Camus, Saint-Exupéry, Marcel Cerdan s'ajoutent aux victimes anonymes des rares crashs…

 

A chaque décollage ou atterrissage, lorsque la carlingue vibre, comment ne pas songer aux pionniers de l'aviation : Clément Ader, Alberto Santos-Dumont, Louis Blériot, Roland Garros, Charles Lindbergh… Tous secoués, gelés dans leur cockpit, mais passionnés. Eux risquaient vraiment leur vie.

 

Ce que nous avons gagné en temps, nous l'avons perdu en convivialité. Plus personne ne partage son panier de victuailles comme Boule de suif*.

A l'aéroport, chacun se débrouille pour enregistrer sa valise, l'étiqueter. Il suffit de savoir lire et de toucher un écran pour déclarer son identité et se mettre en conformité avec les douanes ou la police. Une hôtesse régule la file des passagers...

 

Dans l'avion, personne ne se parle. Les passagers sanglés sur leur siège, côte à côte, gardent leurs écouteurs vissés dans les oreilles. Leurs yeux sont rivés sur des écrans : films, jeux, lecture numérisée peut-être. Le livre-papier a disparu.

 

L'hôtesse vous demande de fermer les rideaux. A quoi bon regarder à l'extérieur, il n'y a que des nuages ! Parfois, un trou s'ouvre sur l'océan, une ville, une terre déserte, un relief que l'on imagine hostile. Tout paraît petit et immense à la fois.

 

Seule, la carte de vol permet de visualiser ce que les yeux ne peuvent embrasser. Le monde est là, sous nos pieds, vaste et composite. Dans chaque pays survolé, vivent des peuples qui dorment ou s'activent et l'on ignore tout d'eux : la langue, les coutumes, les préoccupations.

 

A bord, tout est fait pour oublier l'inaction, l'enfermement, la promiscuité, le manque d'espace, d'air et d'horizon : la collation régulière, la lumière tamisée, la voix rassurante du pilote, la gentillesse du personnel, tout est censé rendre le voyage supportable.

 

Il n'y a aucune nostalgie dans ces propos, juste un constat.

 

Pourquoi l'homme a-t-il privilégié les airs ? Pour imiter Icare ?

Pourquoi n'a-t-il pas tracé des voies au fond des océans ? Pour ne pas déranger les poissons ou pour échapper aux mystérieuses profondeurs ?

 

Le ciel est tout aussi noir et abyssal que l'océan mais il est visible à 360°, il suffit de lever la tête. Il n'est pas peuplé de monstres imaginaires et aucune vague ne va engloutir les corps.

 

Le ciel est habité par des puissances mythologiques ou religieuses. Notre imagination a dessiné des personnages sur les nuages.

 

Le ciel est signe d'élévation, de rêves, de recherches scientifiques et d'interprétations.

 

Il nous donne l'eau, la lumière, la chaleur. Si nos corps nus savent nager ou flotter, jamais ils n'ont réussi à voler.

 

Fous que nous sommes, nous quadrillons le ciel de lignes imaginaires pour nous repérer, de routes réelles pour nous nous déplacer, bravant les orages, les turbulences et les rayons du soleil.

 

 

*Boule de Suif, nouvelle de Guy de Maupassant au titre éponyme.

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Commentaires
D
Super l'éloge du râteau. Pas de bruit, pas de dépense d'énergie polluante. Quelque chose hors de notre vie dingue. Le râteau, la pelle, la pioche ... du travail pour tous.<br /> <br /> daniel
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