Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Plume et clavier
7 juin 2019

DANSE ENFANTINE

 

 

MIroir d'eau

 

 

 

 

 

 

 

 

La petite-fille tourne et tourne dans sa robe de coton bleu. La candeur, le plaisir et la liberté rythment sa danse enfantine.

 

Quel âge lui donner ? Quatre ans tout au plus, au regard de ses jambes potelées, de ses cheveux fins encore très blonds, de son visage poupon.

 

De temps à autre, elle s'arrête, regarde ses pieds, comme si elle voulait vérifier qu'elle a bien quitté ses chaussures, puis elle relève sa robe pour ne pas la mouiller et reprend son improvisation en riant.

 

Elle est toute entière à elle-même.

 

L'espace et le temps n'existent plus.

 

Elle joue au milieu du miroir d'eau, tandis que ses parents, près du bord, discutent en anglais à voix basse. Leur présence attentive la rassure, et puis, elle a reçu d'eux l'autorisation tacite d'explorer son jeu à sa guise.

 

 

Tout est permis pendant les vacances : mouiller ses vêtements, vivre l'instant sans contrainte, goûter des sensations nouvelles, rire toute seule.

 

 

A quoi pense-t-elle ?

Quelle musique a-t-elle dans la tête ?

 

Son monde enfantin la protège :

Elle ne voit pas les paquebots gigantesques amarrés sur le quai de l'autre côté de la promenade.

Elle ne voit pas les mille deux cents passagers arthritiques qui se précipitent vers les bus et qui vont aller visiter les vignobles.

Ce temps chronométré, ce plaisir orchestré n'existent pas pour elle.

 

 

La brumisation s'est mise en route. La petite-fille ne paraît pas surprise. Elle accueille cette sensation nouvelle : ses mains cherchent à saisir les gouttelettes d'eau, ses bras se lèvent puis ses mains agrippent de nouveau le bas de la robe pour la soulever.

 

 

Pourquoi être fasciné par son ballet ?

 

Est-ce parce que le jeu, l'insouciance et la liberté totale n'appartiennent qu'au monde de l'enfance ?

Est-ce parce que notre mémoire d'adulte a perdu les souvenirs ce temps éloigné ?

Est-ce parce que l'imaginaire pur et libre ne concernent que les poètes et les enfants ?

Est-ce parce que nos peaux endurcies ne cherchent plus à explorer des sensations aussi naturelles ?

Est-ce parce que la faculté de s'abandonner à l'intemporel nous est à jamais confisquée ?

Est-ce parce que nous ne savons plus vivre hors du regard d'autrui ?

 

Qu'importe ! Remercions simplement cet enfant qui, innocemment, a offert aux passants, cet arrêt impromptu et lui a tendu ce miroir éphémère.

 

 

Miroir 2

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Plume et clavier
Publicité
Plume et clavier
Archives
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité