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Plume et clavier
2 février 2019

SONGE ET RÊVE Le rêve et le songe aiment la nuit

SONGE ET RÊVE

 

 

 

rêves et songes

 

 

Le rêve et le songe aiment la nuit et abritent le mystère. S'ils dorment dans la même chambre, ils font lit à part. Le rêve se veut scientifique tandis que le songe appartient au monde des dieux et des poètes.

 

 

Le rêve est ancré dans notre cerveau. Il émerge dans les phases de sommeil paradoxal, c'est-à-dire pendant les périodes d'agitation où les yeux, la respiration, la température du corps se dérèglent. Tout s'agite, les ondes tracées par l'électroencéphalogramme le montrent. Pendant ce temps, notre cerveau, comme un grand panier à salade, secoue notre passé récent, le mêle à des faits lointains. Il transforme les visages, s'amuse avec nos amis, notre famille, nos collègues, les vivants et les morts. Il libère nos émotions et essore notre mémoire.

Ce travail a lieu plusieurs fois dans la nuit. Puis, peu à peu, les éléments reprennent leur place quelque part dans le cerveau. Le calme revient. Si nous nous réveillons pendant une phase de sommeil paradoxal, nous nous souvenons de nos rêves et nous nous sentons reposés.

 

 

Le rêve prémonitoire interroge ou effraie. Devins éphémères, dotés de pouvoirs extraordinaires, serions-nous maître du futur ? La question se pose.

Hélas, les nouvelles annoncées d'avance sont rarement bonnes, et si parfois l'événement se produit, gros malins que nous sommes, nous ne le réalisons qu'après-coup. Le rêve avait donc raison ! Cette pensée nous fait fuir tellement elle nous terrorise. L'idée d'être habité par une force mystérieuse capable de nous avertir de ce qui va advenir est insupportable. Pour nous rassurer, nous nous trouvons des excuses : le message était trop nébuleux pour être compris.

 

 

Pour les spécialistes de l'inconscient, un rêve concentre nos maux, révèle nos désirs inavouables, nos peurs, notre culpabilité. L'analyse s'en sert pour guider le patient à comprendre ce qui s'y cache.

L'onirologie n'est pas scientifique. Tel un dictionnaire, elle répertorie les différentes catégories de rêves, les interprète, rassure. Puisque le phénomène est connu, répété, analysé, la vérité s'y dévoile donc. Cet art raconte de belles histoires à qui veut les croire . Il peut être lucratif lorsqu'il est bien fait.

 

 

Le rêve s'enveloppe donc de mystères difficiles à décoder. En revanche le songe se veut plus précis.

Écoutons Baudelaire :

 

 

Mon enfant, ma sœur,

Songe à la douceur

D'aller là-bas vivre ensemble

Aimer à loisir

Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble.

 

 

Le poète n'a pas écrit : Rêve. La longueur du vers aurait été la même, or l'invitation aurait pris une autre direction…

 

Le songe se connote d'illusions et de fantasmes :

Là tout est calme et beauté,

Luxe et volupté.

L'invitation du poète n'est possible que dans ce monde idéal, reconstruit par des souvenirs de voyage, des images personnelles. Dans ces lieux de béatitude où le désir se dévoile, les tracas du quotidien ont disparu.

 

Quand le songe n'est pas poétique, il appartient à la mythologie, la Bible, la métaphysique.

Les dieux interviennent dans le sommeil d'un personnage pour lui souffler la conduite à tenir. Si ce mortel obéit, il pourra conduire un peuple tout entier, franchir les obstacles les plus difficiles et en fin de parcours, il deviendra un héros.

Dans L'Iliade et L'Odyssée, Hector ou Ulysse, lorsqu'ils sont en mauvaise posture, reçoivent en songe l'aide d'Hermès, d'Athena… et accomplissent des exploits surhumains. Le lecteur n'est pas dupe, il aime le merveilleux qui vient colorer le récit.

 

Dans les textes sacrés, le songe s'apparente aux apparitions, même s'il est plus discret. Rappelons-nous les récits sur Moïse ou ceux sur la Vierge. Jeanne d'Arc a-t-elle eu des hallucinations ? Là, tout est question de foi.

 

Le pays des songes existe bien, Shakespeare l'a visité. MidsummerNight's Dream, (que nous traduisons non pas par Rêve d'une nuit d'été, mais par : Songe d'une nuit d'été) se situe quelque part dans l'imaginaire.

Pour l'anglais dream a les deux significations. Il n'existe pas de terme particulier pour le songe. On dit to muse about, qui signifie : je songe à l'idée de… La décision ne sera pas prise immédiatement.

 

Le songe est donc un subterfuge pour Shakespeare, un moyen littéraire qui pigmente sa pièce. Vivent dans ce monde des petits génies, des fées, des elfes. La forêt devient étrange, les potions magiques se boivent ou sont administrées. Le spectateur se laisse emporter par le récit tout en prenant d'une main un miroir pour regarder ses propres faiblesses et noirceurs.

 

Le songe serait-il mensonge ?

Qu'importe si la rime est aisée, puisque l'essentiel est ailleurs, dans cette échappatoire qui rend la vie plus poétique.

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