ALLIANCES

Rien n'est plus remarquable que la pérennité de la vigne : tant et tant de siècles de résistance aux intempéries et aux maladies.

Rien n'est plus réjouissant que l'audace ou l'inconscience de l'homme : un jour, il a saisi un grain de raisin et l'a goûté, ignorant si ce fruit était comestible.

Rien n'est plus admirable que le génie collectif : d'autres hommes ont eu l'idée de presser les grappes et d'en extraire du jus.

Rien n'est plus respectable que la persévérance humaine : des alchimistes ont transformé la piquette, en breuvage acceptable, puis en cru millésimé.

Rien n'est plus touchant que le mystère de la nature : même alignée en rangées bien régulières, même étudiée, analysée et modifiée, chaque année, au moment de la vendange, seule la vigne reste maître du jeu.

Rien n'est plus émouvant que la délicatesse des fleurs de cet arbre fruitier, la fragilité de ses feuilles et de ses grappes sous l'averse de grêle.

Rien n'est plus agaçant que le détournement péjoratif du mot cep : il désigne chez les Romains, un instrument de torture qui entrave et étire les membres des condamnés.

Ne dénigrons pas ce cep. Même s'il est noueux, rugueux, dur, il puise dans la terre tout ce dont la plante a besoin, ensuite il confie au soleil le soin de parfaire le travail afin que le jus du raisin puisse devenir

Vin,

Celui qui réchauffe le cœur et l'esprit. I

Celui qui se veut festif, convivial, libérateur et révélateur.

Celui qui est culturel : boisson de Bacchus, Miracle, symbole, objet poétique…

Celui qui inspire l'œnologue : ce vin a de la cuisse, il est gouleyant, tendre, charpenté, bouchonné, âpre, viril, rond…

Qu'on ne s'y méprenne pas, face à un vignoble, mon regard apprécie la beauté toute simple du paysage, mais très vite mon esprit s'égare au-delà du visible.

Ce n'est que plus tard, lorsque mes doigts tapotent et que je bois… un café, que d'autres images naissent et jouent avec mon imaginaire.