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Plume et clavier
2 septembre 2016

Devant la bascule rouillée

 

Bascule

 

QUESTION DE LÉGÈRETÉ

 

 

 

La rouille cristallise la nostalgie. Elle s'enferme dans le grenier du collectionneur, ou s'expose comme

témoin d'un temps révolu. Le passant, aujourd'hui, a oublié Roberval et sa trouvaille. Il ignore que le

sort d'un paysan se jouait à l'instant de la pesée, sur la place du village.

 

Que pèse-t-on aujourd'hui ?

 

Quelques idées, peut-être, qui oscillent d'un côté, de l'autre, au gré des faux penseurs.

 

Une décision : elle pose sur les plateaux le pour, le contre. Bonne ou mauvaise ? Le fléau, lesté de ses

synonymes, manque totalement d'objectivité. La plupart du temps, il ignore les conséquences du choix.

 

Les mot: ils gardent toujours leur pesant de méchanceté, de sottise, d'amour ou de consolation.

 

Le corps : il fait masse, puisque le poids ne sert plus de référence. Cela grossit davantage : il suffit de

se représenter un kilo de plumes et un kilo de plomb ?

 

La douleur : les médecins pourraient la peser, ils préfèrent la mesurer sur une réglette. Pourtant un

poids sur le cœur, sur l'estomac ou dans le dos, entrave les projets et alourdit la démarche.

 

L'amour : je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout, dit la marguerite qui n'aspire qu'à la

liberté. Pourtant si la fleur a la chance de s'épanouir, elle allège le quotidien avec plus de discrétion et

de modestie que sa rivale, passionnée, pourvue d'épines.

 

Les années : riches de nos expériences, elles comptabilisent nos efforts, nos malheurs, nos futilités,

nos rires et plaisirs. A l'instant du bilan, le fléau, toujours lesté de ses synonymes, hésite entre la

compassion, l'intransigeance, le regret ou l'apaisement.

 

J'oublie cette bascule rouillée et les poids petits ou gros de l'existence.

Mon regard se pose sur les maisons dorées et sur le paysage.

Mon ombre a disparu.

Le village est écrasé de soleil.

Les traces de ma silhouette sont emportées par le vent léger qui soudain vient frôler les pierres.

 

Richerenches, été 2016

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Commentaires
P
La bascule rouillée ! Ma curiosité m'a amené jusqu'à vous, après un clic chez notre ami copinaute Daniel. J'aime la façon dont vous avez traité ce sujet. Vous avez une belle écriture originale. Hélas, idées, mots, corps, douleur, amour ou année tout cela, passera et ne pèsera plus lourd dans la mémoire des vivants. Sauf, si une jolie plume comme la vôtre passait par là . Blandine Meil
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