IMAGES
L'été,
C'est le réveil des tourterelles, le café qui s'annonce, la
journée qui paresse,
C'est la vacance qui se déguste dans une chaise-longue, sous
l'ombrelle du saule,
C'est l'odeur de lavande qui colore les souvenirs : un
mouchoir blanc plié en quatre dans ton sac noir,
C'est le temps gorgé de liberté, dans les chemins, bordés de
paillassons de blés,
C'est la procession d'insectes sans nom qui sortent de leur
cachette,
C'est la pluie qui glisse le long du corps, qui colle la robe,
C'est la vague qui ballotte les rêves et le sel qui pique la
langue,
C'est le sable qui s'immisce partout comme un intrus,
C'est l'amitié qui rit, qui accueille, qui sert l'insouciance dans
des verres colorés de joie,
C'est le pot vide qui se remplit de confitures et qui embaume
la maison,
C'est le moustique qui zonzonne autour des jambes,
cherchant sa victime,
C'est la rivière qui s'alanguit derrière les roseaux,
C'est l'orage soudain qui ravive les parfums de la terre,
C'est l'enfant qui cueille les fleurs défendues, pour leur
beauté,
C'est le cornet de glace qui coule le long du bras,
C'est la morsure du soleil malgré le vent rafraîchissant,
C'est la balançoire qui grince, et les cris de fausse peur,
C'est l'absence de lunettes de soleil et les yeux qui se
plissent,
C'est le sourire figé dans l'innocence,
C'est l'arrosoir et le jet qui remercient la terre,
C'est le pique-nique dans la clairière de thym et de safran
sauvages,
C'est le livre et le suivant qui s'avale page après page avec
gourmandise,
C'est le monde qui anime les conversations et se joue des
désaccords,
C'est un regard qui plonge, un mot qui enveloppe, un
instant qui sculpte l'éternité,
C'est la fenêtre ouverte toute la nuit sur le silence étoilé,
C'est la chaleur qui se fatigue et coule sur le visage,
C'est le désir alangui, la douceur d'être, la paix retrouvée,
L'été, c'est l'éclat de la vie,