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Plume et clavier
25 juin 2016

COUR D'ASSISES

PROCES D'ASSISES 

20160623_085222

 

Il faut bien 25 colonnes corinthiennes,

Il faut bien une toiture de cuivre et de plomb,

il faut bien des pierres de Saint-Restitut et de Villebois,

Il faut bien des lambris, des sculptures et des fresques,

pour bâtir un édifice destiné à juger des actes épouvantables.

 

Louis-Pierre Baltard avait compris cette nécessité en 1847 : cet architecte

s'est appuyé sur les fondements de notre civilisation et a dépêché des artisans

de son époque, afin qu'ils établissent un lien entre le passé et le présent,

lien solide qui se poursuit, aujourd'hui, et qui s'enrichit de technologie.

 

Les murs ont besoin de toutes ces contributions pour supporter ce qui se dit

dans une Cour d'Assises.

 

 

Assister un procès d'Assises est un droit. Sur le carreau, se tient le public.

Devant lui, des bancs accueillent les proches des victimes et la presse. Au

centre, la barre sépare les experts et les témoins de la cour : président,

juges, jurés. A gauche, l'avocat général, et la partie civile, en face l'accusé

encadré de deux policiers et ses avocats. Dans l'espace de justice, le sol est

recouvert d'un parquet.

 

 

Pourquoi, sans être concerné par les faits, assister à un procès trois jours

durant ? Est-ce pour s'informer, se persuader que tout cela est bien loin de

soi, renforcer ses valeurs, regarder bien en face la part ténébreuse de

l'homme, satisfaire son penchant pour le voyeurisme, vivre une expérience, se

préparer à être juré un jour, différencier la réalité du feuilleton télévisé…

 

 

Le protocole impose silence et tenue. Les circonstances exige du respect. Tous

les visages sont graves.

 

Les émotions se bousculent lorsque défilent le rappel détaillé des faits, le

rapport des experts psychiatres, ou ceux des médecins légistes, les différents

témoignages et surtout ceux des proches de la victime. Les magistrats, eux, ont

appris à prendre du recul. Rendre justice exige de rester impartial.

 

Le code pénal a répertorié toutes les monstruosités dont est capable l'être

humain envers ses semblables : tuer, violer, torturer, découper sa victime… A

chaque méfait, chaque acte horrible correspond un article de loi qui le

condamne.

 

L'avocat de la défense, parce que c'est son travail et que tout homme a le

droit d'être défendu, présente les faits sous un angle différent. Les

références littéraires ne convaincront pas l'avocat général. L'atrocité, la

souffrance ne se mesurent pas à l'aulne de la fiction. Le code pénal se tient à

côté des œuvres pas à leur place.

Les fragilités du prévenu et ses failles n'apportent aucune circonstances

atténuantes. La consommation de produits illicites aggravent la responsabilité

du prévenu.

 

Les joutes verbales ne peuvent pas gommer la réalité des faits.

 

A l'issu du procès, le prévenu, s'il est jugé coupable, endossera un autre

statut : accusé, responsable, meurtrier, assassin, condamné, prisonnier. Son

avenir se poursuivra entre les quatre murs d'une prison, lieu où les violences

se conjuguent tels des miroirs mis en abîme.

Une condamnation ne rend pas la vie, ne répare aucune blessure, n'adoucit

aucune souffrance. Elle permet d'écarter de la société celui ou celle qui est

reconnu coupable.

 

Après trois jours de procès, il est bon de se promener le long de la Saône, de

regarder les nuages courir dans le ciel, d'observer les passants, de lécher les

vitrines.

Il est bon de noyer la pesanteur dans un peu de légèreté.

Il est bon de se tourner vers la lumière.

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