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Plume et clavier
20 février 2016

LES CHEVAUX DE BARTHOLDI

Hiver 2012- 042

La statue a besoin d'une restauration importante. Année après année, les intempéries, les vibrations, les pollutions de la ville ont abîmé la structure de plomb, le mécanisme de la fontaine et ses pièces en fer. Il va falloir contrôler, consolider ou remplacer. La place des Terreaux elle-même, va être repensée.

Voilà ! Les Lyonnais sont informés par la presse locale. Ils se résignent à voir un coffrage inesthétique pendant plusieurs mois, à supporter le désagrément d'un chantier. Ils savent qu'il faudra accepter le départ de la statue pour un temps indéterminé lorsqu'elle sera démontée pour aller dans des ateliers spécialisés.

Ce jour-là, quelque chose d'important apparaîtra : le vide. Étrange tout de même, car un grand nombre de passants ignorent le nom du sculpteur et l'histoire de la statue. D'autres ne la remarquent même plus, sauf dans des situations exceptionnelles : mise en lumière lors de la fête du 8 décembre ou gel de l'eau de la fontaine lors de l'hiver 2012, particulièrement rigoureux. L'habitude tue, c'est bien connu.

Considérons alors cette absence comme salutaire. Elle nous permettra de mesurer notre attachement à cet objet d'art, objet que nous aimons parce qu'il fait partie de notre paysage familier.

Mais de quoi allons-nous manquer vraiment ?

Notre fierté nous quittera puisque nous ne pourrons plus nous enorgueillir de posséder cette œuvre depuis 1889. Nous ne pourrons plus ajouter qu'initialement, elle était destinée à Bordeaux. Nous ne pourrons plus dire aux New-yorkais : ce n'est pas La Statue de la Liberté, mais tout de même ; cette fontaine a été réalisée par le même sculpteur : le prestigieux Bartholdi.

Les quatre fleuves de France vont nous manquer, nous allons perdre le quadrige, jambes lancées vers l'avant, signes de force et de dynamisme.

Cette femme qui tient les rênes va également nous quitter. Or, en ces temps difficiles, nous avons besoin que Marianne nous guide avec assurance, conviction, détermination.

Que dire aussi de la fontaine : depuis cent vingt-six ans, nous aimons sa musique qu'elle soit murmure ou bouillonnement, nous avons besoin que le perpétuel renouvellement de l'eau nous fasse rêver et suspende le temps.

 

Notre attachement aux œuvres d'art, aux monuments nous réunit, car les créations de l'homme sont porteuses de symboles et constituent notre culture. Nos artistes, s'ils nous dérangent parfois, nous rassurent aussi, car ils sont capables de créer, de transformer le réel, d'englober le passé, le présent et le futur. Ils sont les seuls surtout à qui nous voulons confier notre propre miroir.

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