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Plume et clavier
2 novembre 2015

ARRIERE-SAISON

dU 6 AU 1261062015 118

L’expression m’a toujours étonnée. Pourquoi qualifier une saison de bonne, de belle, de mauvaise ou d’arrière. C’est curieux ! Le contraire : « avant-saison » n’existe pas, alors que, parfois, l’hiver prend de l’avance sur le calendrier, empiète sur le printemps qui, lui-même, prend des allures d’été…

L’arrière-saison rappelle un passé immédiat de chaleur, de lumière, de bruits et de gêne. L’été, la horde de touristes prend possession du village de pêcheurs.

Certains habitants fuient loin ou dans l’arrière-pays pendant plusieurs semaines.

D’autres sont fiers de cette notoriété et aiment cette foule truculente. Il suffit de s’adapter en modifiant quelques habitudes : aller au marché très tôt, profiter de la plage avant l’étalement du bric-à-brac coloré, apprécier la fraîcheur de sa maison, vivre loin du port, sans faire la queue ou rester dans un bouchon, la voiture ne quitte pas le garage. Les astuces locales pour éviter les embarras sont tenues secrètes.

Quelques habitants se mêlent aux touristes et vont s’extasier devant les yachts et les voiliers luxueux, à la recherche d’une V.I.P éphémère. Sur la Place, les joueurs de boules ne résistent pas à leur passion. Peu importe si leur image est captée par un téléphone ou une tablette. Les touristes partiront avant les hirondelles.

Chaque jour, la statue s’anime et danse, ingénue, magnifique de féminité, Ève éternelle, mythe insaisissable. D’autres célébrités jaillissent en désordre, celles du passé, celles du présent : une jeune écrivaine, une plus âgée, toutes deux furieuses de liberté, des cinéastes audacieux, des chanteurs éphémères, des acteurs et actrices talentueux, des espoirs déçus... Tous colorent de rêves le village de pêcheurs.

A l’arrière-saison, la mémoire lance un clin d’œil à la nostalgie mais le folklore a disparu. La chaleur et la lumière adoucies annoncent l’automne. Les murs, les pierres du village respirent. Les rues s’écartent, écoutent le bruit des pas. Dans le musée, Signac souligne ses aquarelles d’un trait noir, un peintre local invite à la légèreté, des photographies racontent l’histoire du village. Sur le port, le glacier ne lésine pas sur la quantité. Les terrasses des cafés offrent l’ombre ou le soleil, à chacun sa guise. Le long du chemin des douaniers, la mer retrouve son calme et clapote. Sur la Place, les platanes perdent leurs feuilles et cachent le cochonnet des éternels joueurs de boules. La fontaine chante. Les villageois endossent une petite laine. Le commerçant dresse son bilan. La municipalité programme quelques projets.

A l’arrière-saison, la vie ne se fane pas. Le bien-être se teinte de volupté et chacun se prépare à accueillir la vague nouvelle du prochain été.

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