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Plume et clavier
21 mai 2015

PROMENADE IMPOSSIBLE

Syrie en ruines 030

à Alice,

Je ne verrai jamais DAMAS, la ville où tu as accouché au début du vingtième siècle. Ton œil brillait lorsque tu racontais cet épisode de ta vie aventureuse.

Je ne verrai jamais BAALBEK, « L’ Héliopolis » des Romains. Lorsque tu évoquais ces ruines, mon imaginaire reconstruisait le temple de Jupiter et celui de Vénus.

Je ne verrai jamais, HOMS et le lac salé de Qattineh. Tu te régalais des abricots, figues et grenades de la vallée de l’Oronte.

Je ne verrai jamais PALMYRE, chef-d’œuvre de l’Antiquité aux temples, tombeaux et arc de triomphe prestigieux. Lawrence d’Arabie y avait été consacré héros de ton désert.

Je ne verrai jamais HAMA, « la Chamelle » des Croisées, là où tu poses, près des norias, vêtue d’une robe longue et coiffée d’un chapeau.

Je ne verrai jamais le KRAK des CHEVALIERS, assiégée hier comme aujourd’hui. La forteresse te servait de décor imaginaire aux romans dont tu t’imprégnais et que je n’ai jamais lus.

Je ne verrai jamais KHAN SHEIKHOUN, où tu as bivouaqué quelques jours, sans confort, pour le plaisir de découvrir des termitières.

Je ne verrai jamais ALEP, ville multimillénaire, aux invasions successives. La ville était paisible, riche, fière de son architecture et de sa modernité. Et toi, tu t’approvisionnais dans ses souks, tu te promenais sur les remparts de sa Citadelle.

Je ne verrai jamais DERAA, si près de la frontière Jordanienne. Tu me parlais avec effroi de la révolte du Djebel Druze. Les guerriers y mangeaient le cœur de leurs ennemis. Aujourd’hui, des adolescents y ont été torturés, tués pour quelques slogans hostiles au régime et la population de tout un quartier, affamée. Dis-moi, brûlait-on aussi les rameaux d’olivier ?

La vie perdure même si le sang se mêle au sable depuis 1522, 1523, 1524, 1525… jours.

La vie perdure même si les ruines s’ajoutent aux ruines.

La vie perdure même si les images et la parole sont confisquées.

La vie perdure à travers les récits de tous ceux qui se souviendront.

La vie perdure à travers tes albums photos et tes histoires magnifiées.

Jamais, pourtant, jamais, je ne verrai ces lieux que tu as aimés.

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