Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Plume et clavier
6 mai 2015

DEGUSTATION

Meursault avril 2015 038

 

C’est un privilège de pouvoir déguster des vins de primeur aux noms prestigieux : Pommard, Côtes de Beaune, Savigny…, sur le lieu même où ils sont élevés. C’est un privilège aussi de recevoir de Monsieur Bertrand Darviot, vigneron et propriétaire du domaine, des informations précises qui m’ont permis de rédiger ce texte. Qu’il en soit remercié.

Ce week-end d’avril, j’étais donc, à Meursault. Le château de la Velle ouvrait ses portes au public.

Des hommes et des femmes costumés nous accueillent et nous expliquent que nous allons pouvoir déguster le vin du domaine et des produits du terroir. Nous pourrons également participer à des jeux si nous le souhaitons.

Une cérémonie se termine sur notre droite, orchestrée par une confrérie, je suppose, car des hommes et des femmes, vêtus d’une robe et d’un petit chapeau bleus, bordés de noir, font face à un groupe. Je n’entends pas le discours car ces gens sont fort discrets. Au centre de la cour, deux hommes, l’un après l’autre, passent la tête dans un tonneau ouvert pour être pris en photo. Les douelles de chêne en vrac, le maillet et les cercles restants nous permettent de comprendre qu’ils viennent de relever un défi : ils ont su, les premiers, reconstituer ce tonneau.

Les stands proposent des produits du terroir : des pains d’épices, des nougatines, des fromages, du miel. Il est possible de goûter les différents pâtés au canard, à l’agneau, aux escargots.

Devant le four à pain, sur une pelle en bois à long manche, le boulanger expose des miches belles à croquer. Il explique son travail tandis que son épouse vend pains, tartes-maison et gâteaux au chocolat. Ce four banal avait servi pendant la guerre aux habitants de Meursault. Aujourd’hui, il cuit environ 300 miches lors des portes ouvertes et sert fréquemment pendant la saison estivale, pour le bonheur des vacanciers qui louent un des gîtes ruraux du domaine.

Sous un arbre, un tonnelier explique à un petit groupe l’histoire des tonneaux à travers les siècles, le montage, leur importance pour les vins de garde…Tout au fond de la cour, dans une pièce grande ouverte, des artistes exposent des créations : bijoux, objets décorés, photographies de tableaux.

Nous nous promenons tranquillement et passons sous l’arc de pierre qui mène au vignoble. Les vignes vert tendre étirent leurs rangées. J’aime ce paysage discipliné. D’abord, il symbolise, à mes yeux, le travail exigeant imposé aux éleveurs de vin, et puis, il ravive des souvenirs de vendanges. Enfant, je me suis surtout gavée du raisin de Champagne, et, étudiante, j’ai travaillé dur, en Bourgogne, pendant une semaine, sous la pluie, dans une ambiance très festive. J’observe les ceps noueux et gris. Ils sont encore dénudés mais semblent dire aux feuilles naissantes qu’elles peuvent proliférer et se déployer en confiance. Contre le mur extérieur de la cour, un créateur a installé une table sur laquelle il expose des casques gaulois en cuir ornés de deux véritables cornes, polies et cirées.

La dégustation de vin a lieu dans la partie de la cour que nous n’avons pas encore visitée. Deux stands se font face : celui des fromages et celui des costumes traditionnels. Un peu plus loin, il est possible de goûter des vins d’Alsace et des champagnes. Un groupe important s’est formé devant le pressoir où a lieu la dégustation des vins du domaine. Chaque dénomination évoque un sol particulier et une exposition précise. Le vigneron me sert un Côte de Beaune, juste un fond de verre comme il se doit. La robe encore claire ravit mes yeux. Le bouquet envahit mes narines et la toute première gorgée charme mes papilles. Quel plaisir de sentir les parfums de fruits se libérer lentement. Bien sûr, je ne sais pas les identifier un par un, même en expirant par le nez, bouche fermée comme le font les vrais connaisseurs et les œnologues. Mais j’aime cette découverte, et surtout, l’instant où le vin descend lentement dans mon corps, laissant sa chaleur et sa saveur dans ma bouche. Je vais jeter le reste de mon verre et goûter un Pommard de 2011. Je le préfère au Côte de Beaune, mais mon impression n’est pas partagée. Ceux qui m’entourent y vont de leur commentaire. Peut-être arrivent-ils à identifier un vin à l’aveugle. Je n’en suis pas là. Toutefois, je me rends compte que les primeurs de quatre ans sont prometteurs et ceux de huit ans ont déjà pris du corps. Je pourrais déguster d’autres crus, mais je me sens comblée.

En revenant dans le centre de la cour, un couple costumé nous intercepte pour nous proposer un jeu : estimer le poids d’un panier garni de bouteilles, conserves, fromage, pain… Nous jouons et nous perdons. Lorsque nous franchissons le seuil de ce domaine, un gaulois cornu salue notre départ avec humour.

Cette visite s’est déroulée dans la convivialité. Achetait qui le voulait et sans aucune pression, ce qui est rare et fort appréciable en ces temps de consommation à outrance. Nous partons avec la joie dans le corps et l’esprit. Je me réjouis surtout de constater une fois encore, qu’il existe des moments festifs et heureux, loin de l’affolement de nos villes.

Publicité
Publicité
Commentaires
Plume et clavier
Publicité
Plume et clavier
Archives
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité